Jaime de Pablo Romero : article El Pais

Article du journal El Pais à propos du décès de Jaime de Pablo Romero.

https://elpais.com/cultura/2020-09-02/fallece-jaime-de-pablo-romero-ganadero-romantico-y-exigente-aficionado.html

Merci à Julie pour la traduction.



Jaime de Pablo Romero, ganadero romantique et aficionado exigeant, est décédé

Propriétaire jusqu’en 1997 du mythique fer qui portait son nom, il se sentait frustré de l’évolution que prenait la tauromachie.

Son objectif n’était pas d’être un ganadero mais de récupérer une légende. Il a essayé de le faire en mettant toutes ses forces, mais il échoua dans la tâche. On lui avait passé le flambeau d’un fer mythique, celui de Pablo Romero, une devise légendaire liée à sa famille depuis 1885. Il résista du mieux qu’il put à la grave crise que subissaient ses magnifiques toros face à la nouvelle conception toreriste de la tauromachie. Il créa une fondation avec l’aide d’aficionados français mais le projet ne put aboutir et il a été contraint de vendre la propriété et les toros.

C’était en 1997 et la signature de la vente a été sans doute un des moments les plus tristes de la vie de Jaime de Pablo Romero y de la Camara (né à Séville en 1940) qui est décédé ce mardi 1er septembre dans sa ville natale à l’âge de 80 ans, victime d’une longue maladie.

Il avait été jusqu’alors un ganadero rigoureux, sérieux, intransigeant peut-être, mais dévoué à une tradition familiale, à un type de toro aussi spectaculaire de morphologie qu’irrégulier dans son comportement.

Dans une déclaration à ce même journal en 1995, il expliquait son crédo taurin : “Je fais mon possible pour maintenir les traditions de mes ancêtres. Je ne permets pas, par exemple, que les veedors (représentants des toreros) viennent dans ma ganaderia. On ne voit que ce que j’estime être à la hauteur. Je vends aux empresas (organisateurs) et non pas aux intermédiaires. Je mets un prix adéquat à mes corridas et j’encaisse lors de l’embarquement. Tout cela, combiné au changement en train de s’opérer dans le spectacle taurin, justifie ma situation.

Sa “situation” était que ses toros n’étaient pas réclamés par les figuras et sa personnalité caractéristique comme éleveur lui coûta amèrement cher : il n’y avait pas de demande pour ses corridas.

Il a résisté aux changements et a préféré se ruiner au lieu de s’adapter à la nouvelle tauromachie. Il essaya de sauver la ganaderia avec le soutien enthousiaste d’aficionados du pays voisin qui créèrent La Fondation des Amis des Toros de Pablo Romero. Mais les bonnes intentions ne purent empêcher la vente à la société Partido de Resina, nom actuel de la ganaderia.

Jaime de Pablo Romero fut membre d’une des premières promotions de l’ICADE et occupa des postes à responsabilité dans le secteur des finances. Il s’est marié et a eu 3 enfants. Il raccrocha le costume et la cravate en 1986 quand il acheta la ganaderia à la société familiale qui l’avait héritée de leurs ancêtres.
Ses proches disent que ses 10 années comme ganadero furent les plus belles de sa vie.

Il s’est toujours distingué comme étant un homme droit, passionné du toro, amoureux de la tauromachie intègre, un aficionado exigeant. Il ne cachait pas non plus sa frustration et sa douleur de ne pas avoir réussi à récupérer la place que méritaient à son avis les toros de Pablo Romero. Il était un romantique de la tauromachie.

Depuis la vente de la ganaderia qui était le rêve de sa vie, il se retira peu à peu des arènes et une grave maladie rénale l’enferma dans sa maison à deux pas de la Maestranza. “On appelle le Toro d’aujourd’hui Toro Bravo” disait Jaime de Pablo Romero en 1995, “mais c’est un manso qui exécute et collabore ; avant, le torero s’adaptait aux conditions du toro et aujourd’hui, c’est le toro qui collabore avec le torero ; c’est pourquoi aujourd’hui on torée mieux et les gens s’ennuient plus que jamais” .

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